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Passerelles / La lettre / Numéro 34 - Avril 2016

Le MOOC Culture bancaire : zoom sur un premier retour d'expérience

Du 12 novembre au 6 janvier derniers, diffusion du 1er MOOC interbancaire : Florence Coville, Directrice des Etudes, Méthodes et e-Formations du CFPB, et Gilles Macchia, Directeur Recherche et Développement, nous en resituent les enjeux et en tirent les premiers enseignements... En contrepoint, les témoignages croisés des 3 majors de cette 1ère édition.

Genèse du projet

Gilles Macchia
Il y a 2 ans, le CFPB a mené une étude sur les modalités pédagogiques distancielles et l’évolution de leur utilisation au sein des entreprises bancaires. L’étude s’est prolongée au travers d’échanges informels avec un certain nombre d’interlocuteurs dans les banques. Une question en a émergé : Pourquoi le CFPB ne réaliserait-il pas un MOOC ? BNPP, LCL et BPCE étaient partants pour tester cette modalité. Pour diverses raisons, BPCE s’est ensuite détaché du projet mais dans le même temps, Axa Banque nous a rejoints. Nous avons donc poursuivi à 4 jusqu’au pilote.

Pourquoi ce thème de l’environnement bancaire ?

Florence Coville
La profession avait exprimé un besoin appuyé de développer le professionnalisme de ses conseillers. Par professionnalisme, je n’entends pas la connaissance produit ou la compétence commerciale – qu’ils possèdent – mais bien la compréhension approfondie des rouages qui régissent les activités de la banque : la micro et la macroéconomie, la finance d’entreprise et les marchés de capitaux, la régulation bancaire, les évolutions de la banque et de ses métiers, le phénomène Fintech, etc. C’est la maîtrise de ces différentes dimensions qui assoit le professionnalisme d’un collaborateur de banque et donc sa crédibilité.

GM - Le MOOC nous a semblé être une modalité pédagogique tout à fait adaptée à l’objectif poursuivi, pour diverses raisons sur lesquelles nous reviendrons en détail. Restait néanmoins une contrainte à prendre en compte : la volumétrie des contenus à aborder. Nous avons donc décidé de scinder le sujet en 3 MOOCs : Culture financière, Culture économique et Culture bancaire. Nous avons choisi de commencer par ce dernier.

Pourquoi le CFPB aux côtés des banques ?

GM - Parce que le CFPB amène « l’inter-entreprises » et donc la pluralité et l’effet de masse. Or la clef du succès du MOOC, c’est le M de l’acronyme (M pour Massive) et son corollaire, le collaboratif.
Cependant, on sait que même lorsque l’on dispose de la masse, une dépréciation est inévitable. En moyenne, pour 10 % de participants « qui s’investissent », on compte 90 % d’observateurs passifs. Mécaniquement, plus la masse est importante, plus le volume de proactifs augmente, ce qui permet de miser sur un auditoire culturellement riche. C’est cette richesse qui fait la qualité des échanges et donc l’attractivité du MOOC. Le CFPB, en qualité de pivot de l’interbancarité, a permis de créer l’effet de masse recherché. C’est là sa valeur ajoutée, sans oublier bien entendu sa capacité à certifier les lauréats.

Le MOOC Culture bancaire, quels atouts ?

GM - Nous avons poussé les qualités du MOOC au-delà de ce qui se fait habituellement. Ainsi, l’accent a été clairement mis sur l’aspect collaboratif, sur les échanges entre participants et/ou avec l’équipe pédagogique pour favoriser le transfert de compétences.
De plus, le MOOC a été challengé par un concours, pour créer une émulation autour de l’animation collaborative et de l’engagement participatif. Ce concours a pris la forme de points gagnés au fil de l’activité et de la contribution de chacun.
Au nombre des activités prises en compte dans le cadre de ce challenge, le fait de « liker » des vidéos, de poster des commentaires dans les forums, de répondre à des exercices collaboratifs comme, par exemple, la construction de nuages de mots en fonction de la réaction de l’ensemble
du groupe à une question posée… ; et, aussi, de participer à des exercices évalués par les pairs (notation de chaque copie par trois personnes, puis moyenne des trois notes). Ces différentes activités favorisent une dynamique d’implication personnelle du collaborateur, au service d’un ancrage mémoriel durable.

Quels profils de participants ?

FC - La cible prioritaire identifi ée était très clairement les commerciaux. Mais, au fil des inscriptions, nous avons constaté que beaucoup de fonctions supports et de back-office étaient intéressés. Ce sont d’ailleurs eux qui, majoritairement, sont allés au bout du MOOC. Ce qui était en léger décalage par rapport à l’objectif initial.

Au départ, on comptabilisait 1 200 inscrits. Le nombre de participants effectifs – sur la base du critère retenu, qui était de suivre au moins un épisode – a finalement été de 400. Sur ces 400, 106 lauréats ont validé les 5 épisodes, chacun centré sur une thématique* et décroché leur certificat. Celui-ci consistait à répondre d’un seul tenant à 100 questions en 2 heures chronométrées, avec un taux de réussite de 70 %. Le

MOOC, composante de la stratégie de développement du CFPB ?

FC - A mes yeux, oui. Il constitue une illustration de la volonté du CFPB de développer
de nouvelles modalités pédagogiques pertinentes et performantes au regard de différents objectifs : réduire le temps de formation mais aussi et surtout, comme évoqué supra, favoriser un ancrage mémoriel plus solide. Même si les estimations des spécialistes des sciences cognitives varient quelque peu en la matière, on peut aujourd’hui avancer que le taux de mémorisation d’une conférence ou d’un cours magistral 24 h après les avoir suivis s’inscrit (en l’absence de réactivation) dans une fourchette comprise entre 5 et 20 %. Comment dès lors améliorer ce résultat et favoriser l’assimilation sur le long terme ?
Nous sommes partis pour ce faire de trois constats simples et communément admis :

    • la mémoire, soumise aux émotions, assimile mieux les choses plaisantes ;
    • plurielle (auditive, visuelle, kinesthésique, immédiate, à long terme…), elle est stimulée par des approches multiples ;
    • tributaire d’une consolidation de l’information durant les phases dites de stockage, elle s’accommode mieux d’une répétition espacée des phases d’apprentissage que d’un programme ramassé dans le temps. La modalité du MOOC offre à ces trois égards une latitude et une souplesse sans équivalent en présentiel et ouvre des possibilités multiples de traitement, d’approfondissements successifs et de ludification de l’information dispensée.

Ces possibilités sont bien sûr liées à l’outil informatique mais aussi, et surtout, à l’échelonnement sur la durée du temps de formation. Le schéma classique du MOOC, que nous avons adopté, est de deux heures par semaine sur cinq semaines. Ce découpage permet de proposer à l’apprenant, avec des récurrences rythmées au gré de son organisation personnelle, des contenus à assimiler selon des modalités variées et donc attrayantes, enrichis par ses recherches et activités personnelles puis étayés par des exercices sommatifs. C’est là que réside la grande force du MOOC.


Enfin, s’il offre, nous l’avons vu, beaucoup d’atouts en tant que modalité de formation autonome, c’est également un outil pédagogique très intéressant lorsqu’il est adossé à un parcours diplômant, en complément des journées de présentiel.

Quel modèle économique ?

FC - A nos yeux, le MOOC ne peut pas être gratuit parce qu’il représente un investissement, je dirais même un investissement conséquent. A la fois au niveau des contenus, de leur présentation, de l’orchestration des activités collaboratives et aussi dans l’animation. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de ne pas nous conformer aux modèles gratuits.

Les quelques centaines d’euros** demandés pour ce MOOC me semblent tout à fait justifiés au vu de l’ensemble des prestations fournies avec, à la clef, la certification CFPB. A terme, je ne pense pas que les modèles gratuits perdureront, pour preuve, ils se raréfient...

Un prolongement de ce MOOC est-il prévu ?

FC - L’idée est de proposer plusieurs sessions par an de notre MOOC Culture bancaire. La prochaine se situerait à l’automne. A terme, l’objectif serait d'être sur une base de 2 à 3 par an. En parallèle de ce déploiement, nous commencerons à réfléchir à la fin de ce semestre au développement du 2ème volet. Car si l’on veut que le prochain MOOC sorte en 2017, il faut y penser largement en amont. Un pilote nécessite 9 mois de gestation

* Les 5 épisodes du MOOC Culture bancaire :

  • la banque, une entreprise différente ?
  • la banque, quel modèle, quelle organisation ?
  • la banque, financièrement comment ça marche ?
  • la banque, des prises de risque sous contrôle ?
  • la banque du futur, menaces ou opportunités ?
** 590 € TTC (NDLR)