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Passerelles / Les cahiers / Numéro 10 - mai 2015

Réflexion sur les innovations technologiques

Gilles Macchia

Directeur R&D - CFPB
Membre du conseil d’administration et du bureau du FFOD.
Intervient à Paris VI sur l’usage du e-learning en formation professionnelle.

L’avenir de la formation ne se conçoit pas sans adossement à un réseau social. Gilles Macchia, directeur R&D au CFPB, nous détaille les raisons de l’avènement du collaboratif et de l’apprentissage informel.

Quelle est votre mission au CFPB ?

Mon travail est centré sur la recherche de nouvelles solutions de formation. Cela suppose une veille active autour de l’innovation, aujourd’hui indispensable compte tenu de l’accélération des nouveautés.
Au CFPB, nous avons mis en place nombre d’innovations liées à la formation à distance parmi lesquelles le master Chargé d’Affaires Entreprises conçu avec l’Université de Caen. Autre exemple, pour renforcer les relations entre apprenants comme entre apprenants et intervenants dans la formation (formateurs, tuteurs…), nous avions créé il y a plusieurs années deux parcours mixant trois modalités : présentiel, distanciel et travail collaboratif en ligne. Il s’agissait des CDPC CPA et CCPro*.

Ces deux parcours dans leur formule actuelle n’intègrent plus de travail collaboratif en ligne…

Il existe un temps « ad hoc » pour toute chose et nous sommes arrivés trop tôt. En 2008, les réseaux sociaux d’entreprises étaient à leur début. Cela dit, arriver trop tôt et rencontrer des freins n’empêche nullement de remettre sur le métier l’ouvrage à un moment plus opportun. Prenons l’exemple de la réussite du Mooc. Elle tient justement à sa survenue « juste à temps ». La convergence de trois facteurs – la numérisation des services, un besoin d’industrialisation et de massification de la formation et la banalisation du Web 2.0 – ont contribué à l’émergence d’un nouvel écosystème dont le modèle économique se crée parallèlement à sa montée en puissance. Un Mooc, quel qu’il soit, intègre les réseaux sociaux pour répondre aux besoins de partage et d’échanges demandés par tous les acteurs, apprenants, enseignants et accompagnateurs.

Demain, une formation non adossée à un espace d’échanges à distance ouvert pendant et après (voire avant) sera de moins en moins pertinente. Ceci est à relier aux conclusions des différentes études qui confirment le bien-fondé de la proportion désormais connue des 70/20/10** pour le développement des compétences. La loi de 2014, en supprimant le 0,9 % obligatoire, ouvre l’espace à l’exploitation du champ de l’informel dans le développement des compétences des collaborateurs. La question, c’est : comment intégrer la formation non formelle et informelle dans nos dispositifs de formation et en faire une vraie pratique dans les entreprises ?

Pouvez-vous rappeler ce qui caractérise la formation informelle ?

Nous distinguons 3 types d’apprentissage :

  • nous appelons « formelle » l’action de formation telle que nous la connaissons et la qualifions ;
  • le non-formel se définit par rapport à la législation car il n’est pas intégré financièrement dans le plan de formation : ce sont les conférences, le fruit des recherches personnelles, internet, ouvrages, les réunions d’échanges entre pairs, le mentoring, le pilotage commercial, etc.
  • l’informel, lui, découle de l’expérience acquise à travers les activités professionnelles et personnelles réalisées au quotidien.

L’utilisation des réseaux sociaux est une réponse pour intégrer le non-formel voire l’informel dans un dispositif de formation formel. Cela d’autant plus aisément que la participation du collaborateur/apprenant au réseau social de la formation permet de mesurer son niveau d’engagement.
Pour conclure ce point, je dirai que la convergence des trois facteurs suivants nous conduit à réfléchir de plus en plus à l’intégration du collaboratif : la réforme de la formation, la prise de conscience du pourcentage déjà évoqué et le développement des usages de la technologie, notamment les réseaux sociaux. Les Mooc constituent une réponse opportune à cette convergence : des modules e-learning incarnés (présence d’un enseignant/ formateur), adossés à des espaces d’apprentissage collaboratifs pour susciter entre autres l’apprentissage entre pairs. Le Mooc réintroduit une dimension humaine dans le e-learning et c’est cela qui devrait lui assurer un bel avenir !

Adaptative learning

la démarche d’apprentissage s’adapte à l’apprenant.

Casual learning

apprentissage ludique et occasionnel, au moment où on le souhaite.

Digital learning

introduction du numérique dans tout le parcours, y compris en présentiel. En salle, l’utilisation de tablettes permet la conservation et l’analyse du travail des stagiaires.

Comment le CFPB se saisit-il aujourd’hui de ce que vous énoncez ?

Nous savons qu’il faut développer les pro- duits à partir de cette prise de conscience. C’est pourquoi nous mettons en place le partage d’expériences sous forme de classes virtuelles (cf. article de Florence Coville).
Le CFPB participe actuellement à la construction d’un Mooc, un Cooc*** plus précisément, aux côtés de trois banques dans un groupe de travail qu’il coordonne. La date de sortie est prévue à l’automne 2015.
Ce projet est né du constat suivant : les conseillers bancaires ont besoin de s’approprier une culture métier, bancaire, économique et financière. Nous avons souhaité retenir la recette du Mooc : massif, planifié dans le temps, incarné par des intervenants réputés pour leur expertise, avec de courtes activités quotidiennes, adossé à un réseau social, assorti de travaux collaboratifs, le temps de travail étant estimé à 1 ou 2 h/semaine.
Le renforcement de cette culture bancaire permettra d’obtenir des badges qui eux-mêmes permettront l’acquisition d’un certificat du CFPB, le tout pouvant être publié sur les réseaux sociaux.
Au menu de la réflexion du CFPB, mentionnons la conception d’une formation sur et pour Smartphones, outil aujourd’hui incontournable. Les EPSS (Electronic Performance Support System), formations juste à temps, rencontraient un frein à leur utilisation : l’ordinateur, tout simplement. Avec le Smartphone, ce frein n’existe plus. On peut aussi l’utiliser pour de l’apprentissage occasionnel ou casual learning. L’apprenant se confronte à des défis, répond à des QCM, des exercices présentés sous forme de jeu. Les ressources resteront disponibles dans notre poche et l’application nous accompagnera tout au long de notre vie.
Le CFPB mène une réflexion pédagogique fondée sur le constat suivant : la banque forme beaucoup, depuis longtemps et se confronte à un phénomène de saturation des collaborateurs, en présentiel comme avec le e-learning. La gamification et le renouvellement des modalités sont donc indispensables.

D’où la notion de jeu, voire de récompenses ?

Oui, avec les badges et les certificats, on revient clairement à la notion de bons points et d’images. Comme quoi on n’invente rien !

 

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